Premières répétitions
Barbara Hannigan vue par Mathieu Amalric,
40 mn (Arte Concert)
La réputation de Barbara Hannigan en tant que chanteuse n'est plus à faire. Depuis plusieurs années déjà, sa maitrise vocale et son jeu habité lui valent d'être applaudie sur les scènes du monde entier. La canadienne n'a pourtant pas fini de nous surprendre puisqu'elle cultive depuis peu un nouveau talent : celui de la direction d'orchestre.
C’est cette autre facette de Barbara Hannigan qui a intéressé Mathieu Amalric. Avec curiosité et bienveillance, le comédien et réalisateur l’a donc suivie pendant trois jours à Amsterdam. Au cœur de ce portrait, les répétitions et les échanges menés par la chef d’orchestre et l’ensemble Ludwig, alors en plein préparation de l’enregistrement du "Lulu Suite" d’Alban Berg pour l'album "Crazy Girl Crazy".
Grâce à ce portrait filmé, nous devenons pendant quelques minutes les témoins de la vie d’un orchestre. L'occasion également de découvrir le patient travail qui permet d'atteindre l’harmonie.
Arte Concert
Outre ses activités de cinéaste et d’acteur, Mathieu Amalric fait volontiers œuvre de documentariste. On se souvient avec émotion de sa contribution à la série Hopper vu… qu’avait consacrée Arte au peintre américain en octobre 2012 (…) On a ensuite connu un autre court documentaire, disponible sur You Tube, toujours caractérisé par un raffinement phonique consommé, puisqu’il se met à l’écoute de la phonation très particulière de la soprano canadienne Barbara Hannigan. « Dans c’est presque au bout du monde, écrit le réalisateur, j’explore un mystère qui me fascine : d’où viennent ces voix inhumaines ? D’où, dans le corps, la troublante anomalie du chant prend-elle sa source ? ».
Mais la fascination d’Amalric pour Hannigan va par-delà ses fulgurances vocales. Car la Canadienne développe parallèlement des activités de chef d’orchestre. Et si l’on dit « parallèlement », c’est qu’il lui arrive aussi de diriger tout en chantant. Aussi bien des airs de concert de Mozart que la pièce virtuose de rire Le grand Macabre, de György Ligeti (…)
Amalric laisse aussi la caméra filmer la partition, alors que Hannigan, oreille absolue et forte en thème, explique les redoutables fascinations intrications thématiques du compositeur viennois, membre de la seconde école de vienne, qui sous l’égide d’Arnold Schönberg, remit en question l’héritage tonal et consonant hérité d’une tradition multiséculaire.
L’orchestre Ludig est d’évidence une formation jeune, ouverte, intelligente. On voit ses membres suivre la partition, tandis que Barbara Hannigan leur fait entendre, avec piano, le Lied de Lulu, le seul passage chanté de cette suite essentiellement orchestrale. Mais on les voit surtout dévisager, bouche bée, ce chef d’orchestre d’une nature singulière capable de cabrioles vocales d’une précision confondante. Il est à penser qu’ils ne rencontreront pas à nouveau pareil cas avant belle lurette.
Renaud Machart (Le Monde)
Je nous sommes vus
TT
Documentaire de Gilles Elie-dit-Cosaque,
52 mn (France Ô)
On croit aller voir un documentaire explorant l’univers des telenovelas. A la fin de Je nous sommes vus, on n’en sait pas beaucoup plus sur ces feuilletons à l’eau de rose très prisés dans les départements d’Outre-Mer. Mais on a ri, on s’est ému devant trois beaux portraits de femmes martiniquaise, guyanaise et réunionnaise, fans inconditionnelles de ce genre télévisuel. On a admiré ces femmes jouant dans une extravagante parodie de leurs romances kitsch. Finalement, on s’est laissé troubler par un facétieux jeux de miroirs questionnant les rapports entre fiction et réalité. Le sixième film de Gilles Elie-Dit-Cosaque pour France Ô et la case « Achipels », qui fête avec lui ses dix ans, est aussi précieux que les précédents. A partir d’un détail du quotidien, d’un événement ou d’un personnage oublié, le réalisateur développe un regard documentaire empreint d’humour et de poésie pour brosser des tableaux de la société antillaise comme autant de paraboles universelles. Qu’il raconte l’histoire du premier Martiniquais à marcher sur la lune (Zétwal), le rôle social d’un mobylette emblématique (Ma grena’ et moi) ou les enjeux politique d’un match de foot (Nous irons voir Pelé sans payer), il développe un style bien à lui, où la diversité des techniques (photo, vidéo, film, animation) et un montage très rythmé font un écrin à la parole des protagonistes. La verve, l’exubérance de ces réalisations contrastent avec le caractère modeste et pudique de leur auteur (…) Malgré la cohérence de son œuvre documentaire à la fois ethnographique, historique et politique, il ne se veut ni un mémorialiste ni un porte-voix de Antilles. « Si ça constitue une sorte de mémoire patrimoniale, c’est le hasard. » Tout juste reconnaît-il son appétence pour les sciences sociales et une position privilégiée, à la fois dedans et dehors, susceptible de produire un regard original. Même retenue quand on évoque la force poétique de ses films. « Je place la poésie trop haut pour l’assumer», prévient-il. Avant de tenter une explication : « Ce qui fait la poésie, c’est s’attacher aux petits détails chez les gens, dans les situations. Ce n’est pas conscient, ce n’est pas un but. » Pas plus que l’absence de voix-off ne relève d’un parti prix esthétique, étant la simple expression d’une pudeur : « Ce serait me dévoiler. » Par la virtuosité du montage, l’intelligibilité de ses films n’en souffre jamais. Et ils dégagent une attachante singularité.
Samuel Gontier (Télérama)
Nous irons voir Pelé sans payer
TT
Documentaire de Gilles Elie-dit-Cosaque,
55 mn (France Ô)
Bombes de peinture contre bombes lacrymogènes. C’est l’autre match, un peu musclé, qui se jouera courant 1971 aux abords du stade Louis-Achille de Fort-de-France. Pour sortir le football local de l’ornière, la fédération organise une rencontre amicale entre le grand Santos FC et la sélection régionale. Seulement, les brésiliens ne se déplaçant pas pour des queues de cerises, le prix des places s’en ressent : 100 francs pour voir jouer Pelé ! Pour la jeunesse antillaise, c’est l’étincelle qui manquait pour allumer la mèche.
Traversé par les idées de Frantz Fanon et les références au marxisme-léninisme, un mouvement de contestation et d’agit-prop se met en branle. « Nous irons voir Pelé sans payer » martèlent les murs tagués de la capitale martiniquaise. Négocier le prix des places ? Empêcher le match de se tenir ? Durcir la lutte ? Le groupe d’action prolétarienne (GAP) hésite sur la marche à suivre… Soucieuse de calmer le jeu, les autorités retransmettront finalement la rencontre en direct à la télévision - une première en outre-mer.
S’il s’attache essentiellement à la dimension politique de l’évènement, le film s’achève sur une chronique de la rencontre aux traces des souvenirs de ses protagonistes, du brésilien Lima à l’homme-qui-a-fait-un-petit-pont-à-Pelé. Ecriture visuelle vitaminée et fibre militante inoxydable : le réalisateur Gilles Elie-Dit-Cosaque confirme tout le bien qu’on pense de lui.
Emilie Gavoille (Télérama)
Pierre et le Loup
TT
Fiction de Gordon, Corentin Leconte et pierre-Emmanuel lyet,
30 mn (France 3 et ARTE)
Tout début dans la cacophonie d’un orchestre qui s’accorde. L’oreille se tend, suivant les conseils du conteur François Morel : il faut bien écouter et ouvrir grand les yeux. Après Le carnaval des animaux et les 4 saisons d’Antoine, les producteurs de Caméra Lucida s’attaquent à une pièce musicale qui semble évidente lorsqu’il s’agit d’initier les enfants à la musique classique : Pierre et le Loup, de Sergueï Prokofiev, partition justement composée dans ce but, avec un thème musical pour chaque personnage et une histoire dont le héros est un enfant. Dans cette adaptation, la joie est partout : dans les fossettes du jeune héros, dans l’animation légère des autres personnages, formés avec des lettres ou des notes, et dans l’interprétation de l’Orchestre national de France. Les musiciens jouent, aux sens musical et enfantin du verbe, et poussent l’interaction jusqu’à se confondre avec les personnages. Peu importe qu’on ait entendu Pierre et le Loup cent fois, conté par Gérard Philippe, Claude Piéplu ou Jean Rochefort, le plaisir est ici inédit et se partage en famille. Les yeux et les oreilles, qui ont été grands ouverts, sont enchantés.
Maéva Saravane (Télérama)
Zétwal
TTT
Documentaire de Gilles Elie-dit-Cosaque,
52 mn (France Ô)
C'est sans doute le plus magnifique conte de Noël que la télé ait à nous offrir cette année. Voici l'histoire de Robert Saint-Rose, surnommé Zétwal. Nous sommes en 1974 et la Martinique va mal. Les affrontements politiques se durcissent avec en première ligne le Parti progressiste martiniquais d’Aimé Césaire, sévèrement réprimé par les autorités. Pour prouver à la face du monde la fierté de son peuple, Robert Saint-Rose a une idée toute simple : être le premier Antillais à marcher sur la Lune. Aidé par sa famille et ses amis, il entreprend donc de construire une fusée. L’énergie nécessaire au décollage sera puisée dans la puissance poétique des textes d’aimé Césaire, déclamés au moment du compte à rebours. Quelques jours après les premiers essais, Zétwal et sa fusée disparaissent mystérieusement. Personne ne les reverra plus.
Le premier mérite de I'auteur, Gilles Elie- est d’avoir retrouvé les rares témoins de cette aventure oubliée. Quant-à la réalisation, elle est plus subtile que la construction chronologique et l’alternance d’entretiens et d’archives ne le laissent croire de prime abord. Les images des astronautes américains et sur celles, très mal conservées, de zétwal tournées par son frère. Il y a surtout un regard sagace et délicat. Gilles Elie-Dit-Cosaque s’est placé exactement à la bonne distance de son sujet : sans encenser ni ridiculiser Robert Saint-Rose, il rend à son rêve sa logique et sa noblesse, grâce à des interviews de Patrick Chamoiseau, du directeur du centre césairien d’étude et de recherche ou d’un astrophysicien. Il donne envie d’y croire ; Et d’ailleurs on y croit : aucune étude scientifique n’a jamais prouvé que l’énergie poétique était inapte à faire décoller une fusée.
Samuel Gontier (Télérama)
RAVI SHANKAR,
L’extraordinaire leçon
TT
Documentaire de Frédéric Le Clair,
55 mn (Arte)
Une leçon de musique du dieu du sitar ! C’était salle Pleyel en septembre 2008. Taquin, tendre, précis, jouant de l’onomatopée pour donner des indications à ses disciples, le vieux monsieur – 90 ans en avril prochain - , réussit à établir une connection directe, intime, avec chacun des 2 000 fans subjugés. Les caméras de Frédéric Le Clair étaient là heureusement pour mémoriser ce qui fut sans doute l’ultime prestation européenne de l’ancien complice des beatles devenu le gourou le plus respecté en Inde et dans le monde. En contrepoint à ses explications sur le raga (mélodie) et le tala (rythme) s’interposent des plans pleine face sur la mine inquiète et approbatrice de sa fille Anoushka – lumineusement belle -, son élève depuis l’âge de 8 ans. Sur ce canevas simple mais intense se greffent des escapades au centre ravi Shankar de Delhi, dont la devise est « la paix par la musique ». Lorsqu’il était en apprentissage, ravi Shankar travaillait seize heures par jour en commençant à 4H30 le matin. « Aujourd’hui dit-il, on va plus vite grâce aux enregistrements et aux films, mais rien ne vaut l’écoute et la mémorisation dans la durée. Et puis, le talent ne suffit pas, le lagan est l’essentiel, c’est à dire la passion de vouloir s’accomplir dans la musique »
Eliane azoulay (Télérama)
1910, Buffalo Bill
TT
Documentaire d’Alexandre Auque,
26 mn (Arte)
« Buffalo Bill a la réputation d’avoir été le plus grand chasseur de bisons de tous les temps. Il doit aussi sa célébrité au fait d’avoir servi un temps d’éclaireur au Général Custer qui a perdu la vie lors de la fameuse bataille de Little Big Horn en 1876. Mais des images filmées dès 1894 et jusqu’en 1916, montrent un tout autre Buffalo Bill. Elles révèlent des relations amicales entretenues par Buffalo Bill avec des chefs de tribus amérindiennes. Elles montrent aussi que le célèbre Wild West Show de Buffalo Bill, connu pour avoir sillonné les USA et l’Europe pendant plus de 30 ans, a eu une influence considérable sur un genre cinématographique qui passionne toujours le public : le WESTERN.
Arte.fr
1969, En direct de la Lune
TT
Documentaire d’Alexandre Auque,
26 mn (Arte)
C’est sans doute la séquence la plus couteuse de toute l’histoire de la télé. Un plan séquence d’un et blanc grisâtre, devant lequel communièrent 7000 millions de téléspectateurs, le 20 juillet 1969. A visionner aujourd’hui sur nos écrans High-tech le direct des premiers pas de l’homme sur la Lune, on est saisi par la définition vaseuse de ces images saisies à 384 000 kilomètres de la terre. On l’est autant par l’impression de proximité presque de voisinage, qui se dégage de la banalité de ce qu’elles montrent – un paysage de terrain vague arpenté de nuit par deus hommes à la démarche hésitante. Retransmises en modovision, cette séquence contribua grandement à l’appropriation symbolique de la Lune par les Etats-Unis comme nous l’explique Mystère d’archives avec un sens quasi ludique du décryptage. Que le document donne à voir Neil Amstrong sur le point de poser le pied dans la poussière lunaire, l’image soudaine se fige et le commentaire s’interroge : « comment est-il possible qu’une caméra soit déjà là, en train de filmer ? La réponse donnée à cette question inattendue fait l’intérêt de ce programme tout aussi distractif qu’instructif ».
François Ekchajzer (Télérama)
Outre-mer, Outre-tombe
TT
Documentaire de Gilles Elie-Dit-Cosaque,
52 mn (France Ô)
« La chose que j'aime le plus, c'est l’enterrement », glisse une vieille dame endimanchée, le sourire aux lèvres. Un vieillard - costume blanc, chapeau blanc - renchérit : « Moi, mon plaisir, c'est de m’habiller pour aller aux enterrements ». Commence alors un dessin animé, façon La Linea, où un personnage se balade, passe sous un cocotier, prend une noix sur la tête et meurt sur le coup... Pas de doute, nous voilà en présence d'un travail inattendu, drôle et intelligent, sur un sujet rebattu, grave et sinistre : la mort. Originaire de Martinique, Gilles Elie-Dit-Cosaque, réalisateur en 2004 du très réussi hommage au... cyclomoteur Motobécane
(Ma grena' et moi), s'est cette fois penché sur les rites mortuaires des Antilles françaises. Tiraillées entre des influences amérindiennes, africaines, indiennes et un mode de vie de plus en plus occidentalisé, Ia Guadeloupe et la Martinique offrent un terrain d'étude fertile. Même si les cérémonies traditionnelles (de joyeuses veillées nourries de contes, de jeux, de prières et de rhum), décrites avec humour et pédagogie, n’ont plus rien à voir avec ce qui se pratique aujourd'hui (des cérémonies rapides dans les morgues des hôpitaux). En plus du choix judicieux de ces îles pour leur intérêt historique et culturel, Gilles Elie-Dit-Cosaque a trouvé des interlocuteurs hors pair: croque-morts, prêtres, linguistes, artistes, conteurs ou simples citoyens, tous parlent juste et distillent à travers leurs anecdotes, leurs croyances, leurs perceptions, un bel instantané de la société antillaise. Enfin, la réalisation soignée et malicieuse fait de ce film sur la mort... un document revigorant. Normal car, comme le dit l'un des protagonistes, « si tu entends que quelqu'un est mort, c'est que tu es vivant ».
Lucas Armati(Télérama)
Notre amie Constance
Documentaire de Arnaud Louvet,
52 mn
Making-of absolument passionnant puisque, chose rare, on y voit pour de vrai, dans la durée, des gens assez étonnants (je n’ose pas dire exceptionnels) en train de fabriquer, dans la passion, l’épuisement, l’énervement parfois, avec des moyens réduits, des plans de cinéma qui donneront finalement naissance, une fois agencés et de façon assez mystérieuse, à un grand film. Fascinant.
Jean-Baptiste Morain (Les Inrockuptibles)
La liste des courses
TT
Documentaire de Gilles Elie-Dit-Cosaque,
53 mn (France Ô)
Le documentaire de Gilles-Elie-dit-Cosaque revient sur le mouvement social qui ébranla la martinique en février 2009. Une large mobilisation autour de la cherté de la vie insulaire, qui donna lieu à l’élaboration d’une liste de produits de première nécessité, appelés à être proposés à moindre coût. Exploitants avec humour les techniques de l’animation, La liste des courses s’amuse des questions soulevées par cette liste (le rhum et les préservatifs doivent-ils en faire partie ?) et, à travers les interventions des différents acteurs de la vie locale, s’interroge sur la frénésie consumériste qui touche les Antilles comme une grande partie du monde. Mais Gilles Elie-dit-Cosaque va plus loin. Comme dans sers films précédents, il rend compte de la poésie qui a cours sur son île natale, en accordant une place de choix à l’évocation du Manifeste pour les « produits » de haute nécessité, signé par neuf intellectuels antillais, au nombre desquels Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau. On peut y lire qu’outre le pain, l’alcool et l’écran plat, l’être humain a besoin de nourritures spirituelles. Le rappelant, La liste des courses mérite clairement une place dans cette liste.
François Ekchajzer (Télérama)
Les clefs de l’orchestre de Jean-François Zygel
« La symphonie fantastique d’Hector Berlioz »
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Proposé et présenté par Jean-François Zygel
Avec l’Orchestre philarmonique de Radio France
Dirigé par Chung Myung-Whun
Réalisé par F. Martin (France 5)
On l’a dit, on le redit, Jean François Zygel est un passeur exceptionnel. La musiquez, il la donne à voir et entendre avec enthousiasme, une bonne humeur à faire fondre le moins mélomane des spectateurs. Œuvre Hallucinée aux échos autobiographiques, la symphonie fantastique – composée en 1830 par un tout jeune Berlioz sur le point de fêter ses 27 ans – se prête particulièrement bien à l’exercice zygelien.
La quête de « l’idée fixe », ce thème mélodique où transparaît la passion de Berlioz pour l’actrice irlandaise Harriet Smithson et qui parcourt toute la symphonie, fourni le prétexte d’un jeu de piste tantôt émouvant, tantôt grinçant. Chacun des cinq mouvements suscite de nouvelles images, annoncées dans les titres évocateurs (« rêveries. Passions », « Un bal », Scène aux champs », « Marche au supplice », « Songe d’une nuit de sabbat ») et patiemment mises en évidence par le professeur Zygel. Ce dernier laisse en suite travailler notre imagination, tandis que l’orchestre, aimablement complice, reprend l’integralité du mouvemnt ainsi décrypté. Au fil de la leçon, fort bien réalisée, Jean-François Zygel prend soin d’ouvrir d’autres protes sur l’univers de Berlioz, sous les influences et les trouvailles de ce grand romantique. On plongerait bien la s séance au-delà du tomber de rideau.
Sophie Bourdais (Télérama)
Le chant de la sirène
Captation musicale
avec Sophie Karthäuser et Cédric Tiberghien
Réalisé par Louise Narboni (Mezzo)
Le festival international d’opéra baroque de Beaune s’affirme depuis plus de vingt ans comme l’un de ces lieux privilégiés où la musique vocale des siècles passés se révèle dans toute sa plénitude et sa diversité (…). Cette soirée du 24 juillet dans la salle des Pôvres des Hospices de Beaune a été délicatement filmée par louise Narboni, qui a choisi d’associer à chaque page du programme une des figures sculptées polychromes, laissant chacun libre d’établir une relation. Comme un appel de la chevelure blonde du pianiste au jeu perlé, Cédric Tiberghien, des ciboires et ostensoirs en or brillent en arrière-plan sur fond rouge parmi les boiseries brunes. Tout le concert est consacré à Mozart, sauf les trois premières mélodies de Haydn sur des poèmes anglais d’Anne Hunter : The Mermaid’s Song (Le chant de la sirène, qui donne son titre à l’émission), A Pastoral Song et Fidelity. Ces trois songs, dans des registres contrastés, indiquent assez l’intérêt d’un répertoire trop méconnu et qui contient de vrais chefs-d’œuvre.
Gérard Condé (Le Monde)